Autres cultures En Alsace, de futurs paysans à l'école de la "bio-dynamie"
Respecter le rythme de la nature pour nourrir les hommes en "soignant la terre" : en Alsace, une structure unique en France forme des agriculteurs spécialisés en "bio-dynamie", une approche qui va au-delà du bio, et qui répond à une réelle demande des consommateurs.
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La bio-dynamie, le "retour à la nature". (© Terre-net Média) |
Loin du cliché sur les nouveaux baba-cools déconnectés des réalités, il s'agit d'une filière débouchant sur un Brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole (Brpea), diplôme nécessaire pour s'installer en tant qu'agriculteur et prétendre aux aides à l'installation. « Mon projet, c'est de créer une exploitation céréalière, pour fabriquer et vendre du pain labellisé +Démeter+ », explique Bruno Bousquet, 32 ans, un « urbain qui veut revenir à la terre », élève de l'actuelle promotion. « Pour fertiliser, je devrai aussi élever des bêtes. Vaches, moutons ou chèvres, je choisirai en fonction des équilibres naturels du terrain à enrichir ».
« Pour compenser les déséquilibres du climat ou du terrain, nous utilisons des substances naturelles, à doses homéopathiques »
Pour chaque promotion d'une vingtaine d'étudiants, « nous recevons en moyenne 80 candidatures », explique Samuel Poisson, l'un des coordinateurs de cette formation de deux ans, dont au moins 14 mois de stages. A l'origine, le concept d'agriculture bio-dynamique a été développé dans les années 1920 par le philosophe autrichien Rudolf Steiner - qui a donné son nom aux écoles du même nom, pratiquant une pédagogie alternative visant à ce que chaque enfant découvre sa « propre voie ».
Comme le bio, l'agriculture bio-dynamique refuse les pesticides et les engrais chimiques. Mais elle va plus loin: elle part de l'idée que, pour améliorer ses performances, le paysan doit veiller à respecter l'équilibre de la nature : ne pas produire sous serre, respecter le rythme des saisons, planter des végétaux adaptés à la terre. « Pour compenser les déséquilibres du climat ou du terrain, nous utilisons des substances naturelles, à doses homéopathiques », explique Jean-Michel Florin, qui enseigne la botanique aux élèves. Parmi ces substances: de la poudre de quartz pour stimuler la maturation des plantes, de la bouse de vache fermentée pour activer la vie du sol, de l'extrait de raifort ou de moutarde en guise de fongicide. « Depuis un siècle, l'agriculture conventionnelle a considérablement augmenté ses rendements, mais ce n'est pas toujours positif, car on ne respecte plus les équilibres de la nature », déplore M. Florin. « Par exemple, à force de sélection des variétés, le blé cultivé aujourd'hui est deux fois moins haut qu'il y a un siècle: les grains sont énormes mais les épis ont du mal à mûrir, et surtout un nombre croissant de gens sont devenus intolérants au gluten ».
Fonctionner au maximum en autonomie
Autre principe cher aux agriculteurs bio-dynamiques : fonctionner au maximum en circuit autonome. A rebours de la mondialisation, il s'agit d'éviter que semences et engrais parcourent des kilomètres, et de développer des fermes polyvalentes, où culture et élevage se « nourrissent » mutuellement. Les élèves d'Obernai « ont un vrai projet professionnel, et nous ne nous faisons aucun souci pour leur avenir », affirme M. Poisson. « La bio-dynamie, c'est un tout petit marché, mais à l'heure actuelle c'est un secteur d'avenir, avec une vraie demande ».
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